Ô rage ! ô désespoir ! ô brassage ennemi !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je noirci dans les travaux gu erriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de pommiers?
Ma pomme qu'avec respect tout la normandie admire,
Ma pomme, qui tant de fois a glorifié cet empire,
Tant de fois adouci mon ventre et 'estomac,
Trahit donc ma gamelle, et ne fait rien pour moi ?
Ô cruel souvenir de ma pomme mangée !
Festin de tant de jours en un jour effacée !
Nouveau jus fruité, fatal à mon bonheur !
Presse à visse uséé qui comble mon brasseur !
Faut-il dans vos fûts, voir fermenter le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Maître, sois de mon verre à présent gouverneur ;
Ce haut rang n'admet point une pomme sans brasseur;
Rosaly (qui baille aux corneilles)